“Ce qu’il faut prioriser, c’est un changement profond de notre société” Audrey Meaulard, Homonoia

Audrey Meaulard, co-fondatrice de Homonoia, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?

J’ai commencé mes études avec un Bachelor en marketing et commerce international que j’ai poursuivi avec un Master en commercialisation dans l’industrie textile. Passionnée par la mode, mais préoccupée par les enjeux environnementaux et sociaux de cette industrie, j’ai orienté mon mémoire de fin d’études sur les perspectives d’avenir de la mode circulaire.

Je découvre alors de nombreuses alternatives vertueuses et positives qui me réconcilie avec l’industrie textile, contrairement aux expériences professionnelles que j’avais pu avoir jusqu’ici.

Assez jeune, j’ai eu l’habitude de m’habiller dans des friperies et dans des magasins de seconde main. Il m’arrivait parfois d’avoir à reprendre un vêtement trop grand, à transformer un vêtement trop petit, à déconstruire un vêtement dont la coupe ne me plaisait pas, mais le tissu oui. Et j’adorais ça, tout ce travail de repenser un produit qui existe déjà pour en fabriquer un autre et lui offrir une nouvelle vie.

C’est comme ça que m’ai venu l’idée de créer Homonoia, une marque de vêtements et accessoires upcyclés et made in France en atelier d’insertion.

Tous les produits sont conçus à partir de stocks dormants, des tissus considérés comme des déchets, stockés indéfiniment dans des entrepôts en vue d’être enfouis ou incinérés. Cela permet de lutter contre le gaspillage textile, de revaloriser des tissus et d’éviter l’exploitation de nos ressources naturelles.

Nous travaillons avec des ateliers d’insertion, ce qui nous permet de venir en aide à des personnes éloignées du marché de l’emploi. Cela leur permet d’avoir un travail stable et durable, de gagner en compétences et en autonomie.

Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?

Tous les enjeux écologiques sont importants ! Ce qu’il faut prioriser, c’est un changement profond de notre société, il faut intégrer pleinement les enjeux environnementaux dans notre manière de produire, de consommer ou encore de cohabiter. Pour cela, chacun, à son niveau, peut jouer un rôle.

Le nom de notre marque, Homonoia, vient de la déesse grecque de la concorde et l’unité d’esprit. C’est précisément le but de notre engagement, fédérer les esprits pour collaborer ensemble vers un futur plus vertueux.

C’est le collectif qui fait la force, et c’est de cette manière que l’on pourra préserver nos ressources naturelles, protéger la biodiversité, limiter le dérèglement climatique et améliorer la qualité de l’air.

Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?

L’un des conseils que je peux donner, c’est d’apprendre à consommer moins.

En moyenne, les Français portent 30% des vêtements contenus dans leur dressing au détriment des 70% restants. Il faut réussir à se détacher des tendances, choisir des vêtements qui nous correspondent et lutter contre les achats compulsifs. On pourrait alors changer notre façon d’acheter et ainsi stopper la surconsommation et la surproduction, épicentre de la destruction de notre planète.

Une des méthodes que j’aime bien pour savoir si j’ai vraiment besoin d’un vêtement ou un accessoire, c’est la méthode BISOU :

  • B comme besoin : est-ce que cet achat répond à un besoin ?
  • I comme immédiat : j’ai besoin de ce produit rapidement ?
  • S comme semblable : j’ai un produit similaire dans ma garde-robe ?
  • O comme origine : d’où vient ce produit ?
  • U comme utile : est-ce que ce produit va m’être utile ?

Une méthode qui peut évidemment s’appliquer à d’autres produits de consommation et qui nous permet d’acheter moins, mais mieux.

Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?

Une initiative assez incroyable, c’est celle prise par le fondateur de Patagonia. Il a annoncé qu’il cédait toutes les parts de la société à deux associations. L’une dont le but est de combattre la crise environnementale, l’autre chargée de protéger les valeurs de Patagonia.

La planète devient donc son unique actionnaire. Sa décision est guidée par des valeurs et des convictions différentes de ce qu’on a l’habitude de voir de la part d’un CEO d’une boite à rayonnement international.

Yvon Chouinard nous prouve que l’on peut générer du profit grâce à son activité tout en préservant la planète. Il utilise la richesse crée par Patagonia pour protéger la source de toute cette richesse. Une action impactante et inspirante, qui donnera l’exemple, je l’espère, à d’autres entreprises !

Plus d’informations sur www.homonoia-paris.com