“Dire stop aux capsules à usage unique pour s’orienter vers un café en grain de spécialité garantissant une rémunération décente aux cultivateurs” Margaux Roux, Chacun Son Café

Margaux Roux, Directrice associée de Chacun Son Café, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?

J’ai un parcours assez classique. J’ai fait Sciences Po puis j’ai intégré des grands groupes à Paris. Je gagnais très bien ma vie, mais je me suis très rapidement rendu compte que ma place n’était pas là. J’ai alors quitté Paris pour Bali, en quête d’une autre vie peut-être plus harmonieuse. A l’époque, cela ne se faisait pas, on ne quittait pas une très bonne situation avec de fortes perspectives pour l’inconnu et l’incertitude financière.

Puis j’ai rejoint l’aventure Chacun Son Café, torréfacteur et distributeur de solutions café engagées à la maison et au bureau. J’ai rencontré son dirigeant, Marc Gusils, une personnalité atypique, qui développait des idées nouvelles que je n’avais jamais rencontrées ailleurs. J’ai tout de suite adhéré. Il avait commencé en 2005 en luttant contre les capsules : à l’époque c’est complètement à contre-courant ! Confrontée à la pollution des plages à Bali, son combat est naturellement devenu le mien.

Mais la vraie force de Chacun Son Café, c’est d’avoir été un pionnier de la durabilité avec le développement d’un modèle à impact unique, One Cup One Cent, théorisé par Marc dès 2015. Il s’agissait d’apporter une réponse au fait que la filière café était complètement déséquilibrée entre les opérateurs européens et les producteurs dans les pays en voie de développement, qu’il y avait une grande pauvreté, mais aussi des problèmes écologiques, alors qu’on parle de zones qui abritent des forêts millénaires.

Avec One Cup One Cent, à chaque tasse de café bue, un centime d’euro est reversé à un programme de transformation agricole qui implique les fermiers, dans une volonté de régénérer la biodiversité en créant une agriculture d’agroforesterie. Nous intervenons dans le bassin du Congo, 1er poumon de la planète, qui abrite 10% de la biodiversité mondiale dont 30% endémique. Vous avez là-bas des espèces de grands mammifères qui, s’ils disparaissent, le sont pour toujours.

Nous ambitionnons de toucher 220 000 habitants, sur 33 000 hectares et planter 3 millions d’arbres en 3 ans, ce qui représente 22 000 familles d’agriculteurs. Et tout cela, financé par le café au bureau !

Aujourd’hui, nous sommes B Corp et lauréat du Grand Prix de la Good Economie 2021.

Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?

Tous les enjeux soulevés par le GIEC et inscrits dans l’Agenda 2030 sont primordiaux. Mais en ce qui nous concerne, la priorité en lien avec notre activité est la préservation des forêts millénaires.

Une nouvelle génération de chercheurs pense que les arbres peuvent nous sauver et qu’il est urgent de les replanter massivement. Thomas Crowther, biologiste à l’École polytechnique de Zurich (ETH) a fait les comptes : il y a assez de place sur Terre pour planter 1 200 milliards d’arbres. De quoi absorber 200 gigatonnes de carbone et contribuer à ralentir le changement climatique.

Les arbres, c’est la solution la moins bien comprise pour répondre au défi climat, parce que nous ne connaissions pas l’ampleur du système forestier à l’échelle globale.

Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?

De manière générale, questionner leurs habitudes pour s’orienter vers plus de sobriété à tous les niveaux : alimentation, habillement, voyages, transports, usages du numérique… nos modes de consommation et de vie sont à revoir à la loupe. Ensuite, de s’informer sur les bonnes pratiques et les petits gestes qui peuvent avoir un impact.

En ce qui concerne le café, 2 milliards et demi de tasses sont consommées chaque jour dans le monde. Imaginez si tout le monde choisissait de dire stop aux capsules à usage unique, pour s’orienter vers un café en grain de spécialité, garantissant une rémunération décente aux cultivateurs, torréfié localement par un artisan torréfacteur selon des procédés traditionnels… l’impact sur la filière café, les Hommes, l’environnement et la biodiversité serait extrêmement positif.

Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?

De nombreuses entreprises et entrepreneurs innovent pour transformer nos façons de consommer. Personnellement, je travaille essentiellement en ligne alors j’essaye tant que faire se peut de limiter l’impact environnemental de ma consommation numérique.

J’aimerais mettre en avant l’outil de transfert de fichiers éco-conçu, FileVert, qui permet d’envoyer et de partager les fichiers de manière éphémère, responsable et vertueuse en toute sécurité. Dans ce sillage, les acteurs du reconditionné comme Back Market sont porteurs d’une très belle philosophie qui a un bel avenir devant lui.

Plus d’informations sur www.chacunsoncafe.fr