Léopold Goraguer, fondateur de Tribu de Paris, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
J’ai un parcours un peu atypique car je suis designer graphique de formation mais je n’ai jamais vraiment exercé comme graphiste car je me suis très vite lancé dans l’entrepreneuriat. J’ai co-fondé ma première entreprise à la fin de mes études dans le secteur du tourisme. Avec mes associés, nous mettions en location des boîtiers wifi mobiles à destination des voyageurs internationaux pour éviter les frais de roaming astronomiques.
Pendant le premier confinement, j’ai commencé à m’intéresser à la façon dont nous consommons et j’ai eu envie de lancer un projet à impact. Je m’intéressais à l’industrie du textile depuis quelque temps ; C’est un secteur extrêmement polluant mais également indispensable.
Nous devons donc trouver des solutions pour consommer de manière plus responsable. Après quelques mois de réflexion, nous avons lancé Tribu de Paris, une marque de vêtement upcyclée qui fabrique et personnalise ses produits à base de matériaux textiles récupérés.
Par la suite, nous avons ouvert notre atelier de personnalisation textile dédié aux entreprises qui souhaitent créer des vêtements pour leurs salariés, partenaires ou clients. Nous avons une trentaine de références biologiques ou recyclées que nous personnalisons dans notre atelier en région Parisienne.
Le projet a maintenant 1 an, et nous espérons continuer à créer des produits 100% upcyclés pour notre marque de vêtements, et faire connaître notre atelier en France, pour relocaliser l’artisanat en région Parisienne.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Je vais en choisir deux :
Le premier serait de réduire notre empreinte carbone à très court terme. Il est en effet, directement lié au réchauffement climatique, une menace grandissante pour les générations futures. L’engagement des citoyens est certes important, mais pour que l’impact se fasse véritablement ressentir, il faudrait que les politiques des grandes puissances mondiales (dont la France fait partie) prennent des décisions radicales.
L’industrie textile, par exemple, rejette 1,2 milliard de tonnes de CO2 par an. L’enjeu majeur pour moi est donc d’instaurer dès demain une politique nationale obligeant notamment les grands industriels à limiter leur empreinte carbone. Il n’y a que comme ça que les autres pays suivront, nous nous devons d’être un exemple pour les autres, sinon rien ne changera.
Le deuxième serait de revaloriser nos déchets. Il faut en finir avec les produits à usage unique en plastique, l’obsolescence programmée, les vêtements jetés après le premier lavage. Les produits fabriqués aujourd’hui, doivent être durables, que l’on parle d’électronique, de vêtements, de voitures ou de mobilier.
Aujourd’hui je garde espoir que dans les années à venir, l’écologie sera au centre des programmes politiques et qu’ensemble nous pourrons changer les choses !
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” ?
La première étape selon moi passe par une meilleure compréhension des enjeux écologiques, Il faut que chacun comprenne pourquoi on doit changer nos modes de consommation et avoir un impact plus positif au quotidien.
Je ne dois pas être le premier à citer « Le monde sans fin », Une excellente BD écrite par Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici, pour vulgariser avec simplicité les changements profonds que notre planète vit et les conséquences observées.
Je recommande donc ce livre dans un premier temps pour réaliser la corrélation entre la quantité d’énergie nécessaire pour répondre à nos modes de vie actuels et la disponibilité des ressources. Il permet également de réfléchir à comment nous pouvons inverser la tendance.
Aujourd’hui, chacun doit faire l’effort de consommer plus responsable, c’est -à -dire de façon plus modérée, plus locale, mais aussi en choisissant des marques qui respectent les travailleurs et la planète.
Il est primordial que tout le monde fasse un effort, car comme dirait le colibri qui essaie d’éteindre l’incendie avec des gouttes d’eau «Je fais ma part.». Vous connaissez peut-être la suite, il incite des autres animaux plus gros, plus forts, à faire comme lui 🙂
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
Même si ces projets ne datent pas d’hier, Je suis agréablement surpris que les entreprises qui luttent contre l’obsolescence programmée comme Backmarket cartonnent autant, je trouve ça beau qu’ils arrivent à concurrencer des géants de la tech, avec leurs propres produits ! Bravo à eux !
Je citerais également Uptrade, qui est aujourd’hui une référence dans le secteur textile qui lutte contre le gaspillage textile, on retrouve sur leur plateforme des fins de rouleaux, chutes de tissus, stocks dormants, à destination des créateurs de mode. Nous les utilisons depuis le début, et nous sommes très satisfait !
Notre atelier : atelier.tribudeparis.fr
Notre marque upcyclée : www.tribudeparis.fr/lamarque/
