“Il faut que le geste écologique s’inscrive dans une logique positive et non pas dans une logique restrictive” Maxime Giroud, Merlin Green

Maxime Giroud, fondateur de Merlin Green, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?

Après 11 ans de marketing chez Nestlé, je suis parti pour 2 ans de volontariat en famille en Haïti. Une expérience très forte pour nous, à vivre aux côtés des Haïtiens dans leurs joies et leurs difficultés.

Et aussi une expérience qui nous mis face à l’impact de notre consommation sur l’environnement. En l’absence de gestion centralisée des déchets, il fallait que nous gérions nous-mêmes les emballages des produits que l’on achetait au quotidien. Il a fallu qu’on adapte rapidement notre manière de consommer pour réduire nos déchets et notre impact.

De retour en France, nous avons eu envie de faire le tri dans les produits qu’on consommait, et les produits d’entretien nous sont apparus comme une véritable aberration écologique : principalement constitués d’eau, dans des flacons jetables, la marge de progression était énorme… Et face à ça, la seule alternative était d’essayer de faire ses produits soi-même, une démarche qui demande du temps, de l’expertise et qui n’est pas aussi efficace.

L’idée de MERLIN était d’être ce personnage qui accompagne la transition écologique des foyers en proposant une alternative toute prête, à diluer à la maison pour faire ses produits d’entretien, avec le plus faible impact environnemental.

Cela passe par un travail sur les formules, avec des formules courtes et claires, d’ingrédients d’origine 100% naturelle, et proposés en mini vrac pour sortir des emballages individuels. Une alternative qui permet de réduire par 19 les émissions carbone par rapport à un produit classique. Avec une approche aussi sociale puisque tout est fabriqué en atelier d’insertion en Ile-de-France.

Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?

C’est un vaste sujet, qui mérite qu’on adopte une vision holistique. Grande est la tentation de traiter le sujet par un tout petit bout, alors que quand on regarde l’ensemble de la chaîne, la perspective peut être très différente. Pour moi, l’enjeu écologique prioritaire réside avant tout dans… l’humain ! Les questions environnementales et sociales sont intimement liées, et ne peuvent pas être traitées séparément.

D’ailleurs, si on aborde le défi environnemental en pensant d’abord à faire attention à celui qui est plus faible à côté de moi, tout peut reprendre du sens. A commencer par les petits gestes du quotidien, qui parfois sont négligés par certains car perçus comme trop insignifiants : prendre une douche plus courte, ne pas laisser l’eau couler en parlant, éteindre les lumières des pièces dans lesquelles on ne se trouve pas. Si je les fais en pensant à celui qui n’a pas l’eau courante chez lui, à celui qui n’a pas l’électricité chez lui, tout de suite, mon geste écologique prend une autre dimension !

La même logique s’applique à notre manière de consommer. C’est un vrai étonnement qu’on garde depuis notre retour d’Haïti : nous sommes en permanence soumis à une pression autour de la consommation qui est parfois malsaine. Et parfois aussi indécente quand on pense aux personnes plus démunies. Il faut qu’on apprenne à mieux consommer, à savoir discerner plus facilement si on a réellement besoin des choses que l’on s’apprête à acheter, comme avec la méthode SOURIRE.

Une grande partie du secret réside dans l’éducation : notre propre éducation, apprenant à démêler le faux du vrai (pour arriver à détecter les spécialistes du greenwashing), et celle des générations à venir. Réapprendre à vivre simplement, à s’émerveiller de choses simples pour que les geste écologique soit le plus naturel possible, en faisant un jeu de mots qui a du sens !

Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?

Peut-être déjà se reconnecter à la nature, prendre le temps de s’émerveiller ! Il faut que le geste écologique s’inscrive dans une logique positive (“tu peux”), et non pas dans une logique restrictive (“ne pas…”). En commençant par s’émerveiller, on a envie de prendre soin de ce patrimoine commun qui nous entoure, et on est prêt à faire de petits efforts au quotidien !

Et puis décider de petites choses, avancer petit à petit, de manière résolument positive et optimiste. Ca peut commencer par compter les secondes en prenant sa douche, remplacer le film plastique par des emballages à base de cire d’abeille ou remplacer le goûter individuel en sachet plastique par un simple pain et du chocolat ! Chacun trouvera les petits gestes qui finalement lui semblent être un retour au bon sens !

Au final, ce n’est pas tant pour la contribution, qui restera infime, mais pour la dynamique que cela crée qui m’aide souvent à sortir de mon confort personnel pour prendre en compte l’autre qui vit à côté de moi ! Et le choix des produits d’entretien à plus faible impact n’est pas neutre à ce sujet !

Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?

Je pense à 2 “initiatives” que je trouve particulièrement intéressantes : d’abord l’émergence de la Low Tech, avec cette idée de vivre avec des choses à la fois accessibles à tous et durables. Il y a énormément de créativité pour développer des solutions qui apportent le même niveau de confort, avec des solutions beaucoup plus accessibles et consommant peu de ressources ! Je pense aux systèmes d’éclairage qui vont capter la lumière extérieure pour la projeter à l’intérieur des maisons par un jeu de miroirs, sans consommer 1 watt d’électricité !

Et je suis aussi fasciné par le développement rapide de la pratique du compost, notamment en entreprise. Le compost est un geste magnifique, où la nature nous montre sa capacité à tout réutiliser, pour transformer un déchet (végétal), en une bonne terre fertile. Et finalement ce geste finit par questionner notre consommation d’emballage !

Plus d’informations sur www.merlin.green