Camille Brun-Jeckel, fondatrice de Second Sew, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Diplômée en communication et marketing, j’ai d’abord travaillé plusieurs années en agence de communication, notamment en ESS, puis en ONG à Paris et en Haïti sur des projets en lien avec l’enfance.
Puis à la naissance de ma première fille, j’ai cherché une solution pour l’habiller de manière responsable, sans renoncer à mon identité, mes goûts et mon univers car je refusais d’hypothéquer son avenir avec des vêtements qui détériorent l’environnement dans lequel elle va grandir et vivre, puisque l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde.
L’aventure Second Sew a donc débuté dans mon salon, sur la machine à coudre familiale avec le soutien de mon conjoint antiquaire avec qui je partage le goût des “objets à histoire”.
Pour me professionnaliser, j’ai également passé un CAP couture en candidate libre en juin 2018.
L’upcycling n’a rien de nouveau en soi puisque c’est ce que faisaient nos aînés mais l’ambition réside aujourd’hui de vouloir industrialiser cette offre notamment autour d’un réseau d’atelier de confection avec des personnes en insertion professionnelle.
L’idée étant d’avoir un cercle le plus vertueux possible sur l’ensemble de la chaîne de production tant sur le plan environnemental qu’humain.
Second Sew, c’est aussi une autre conception des vêtements : la volonté de créer des modèles qui font naître un lien affectif. Ils se conservent, se transmettent aux petits-enfants.
D’abord auto-entrepreneure pendant 2 ans, Second Sew est aujourd’hui et depuis Janvier 2021 devenue une société à mission dont je suis la Présidente.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Les enjeux sont tellement nombreux qu’il serait impossible de les lister mais celui que j’ai choisi personnellement de défendre au quotidien c’est l’arrêt de la surconsommation et notamment de produits neufs produits à bas coûts à l’autre bout du monde.
Je suis toujours étonnée de voir les nouveaux besoins que l’on se créée au quotidien et qui “justifient” de passer commande pour un oui ou pour un non d’un produit que l’on va utiliser 3 mois puis jeter ou oublier au fond d’un placard.
Sans être adepte du minimalisme, il y a tellement de produits que l’on peut trouver en seconde main et qui sont tout aussi fonctionnels / propres / de qualité / performants… que les produits de première main.
Il faut bien avoir en tête qu’à chaque nouvelle production, c’est un peu plus de l’avenir de nos enfants que l’on hypothèque.
Mais je dois dire qu’avec l’arrivée de ma fille c’est un vrai challenge de tous les jours de lui faire prendre conscience que chaque objet a une valeur environnementale / économique et qu’il faut en prendre soin.
Malheureusement, j’entends souvent “c’est pas grave, ce n’est pas cher j’en rachèterai un si je le perds / casse …” mais il ne s’agit pas que de l’impact sur notre porte-monnaie mais bien sur l’environnement également et en tout premier lieu.
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?
Forcément : privilégier la seconde main (et de préférence en local).
Et surtout sensibiliser ses enfants aux enjeux écologiques de façon ludique.
Selon moi, nous, jeunes parents, faisons partie de la génération qui a pour devoir d’éduquer nos enfants à ces problématiques et de leur donner les clés pour vivre dans le monde qu’on leur laissera.
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
L’initiative du collectif En Mode Climat dont Second Sew fait partie : on le sait l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde.`
Et pourtant, toutes les marques sont taxées de la même façon qu’elles produisent de façon responsable ou non.
L’enjeu du collectif est donc à défaut de pouvoir taxer les industriels les plus polluants, permettre aux marques qui font de véritables efforts dans le sens d’une production vertueuse d’être moins taxée car l’enjeu prix reste une vraie problématique pour atteindre le consommateur.
Plus d’informations sur www.secondsew.fr
Crédit photo : Vincent Jacques – SAMOA-Créative Factory