“Je pense qu’à tous les niveaux il est possible de faire preuve de bon sens en adoptant des réflexes simples au quotidien” Julien Ehret

Julien Ehret, fondateurs de Dot Drops, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?

J’ai commencé ma carrière dans les start-up de l’âge de pierre au début des années 2000 puis en 2008 j’ai rejoint mon frère au sein de notre société familiale car mon père venait de créer un design qui allait devenir la marque Dot-Drops.

La particularité de Dot-Drops est que le design originel est toujours celui de la valise actuelle avec laquelle j’ai lancé ce nouveau projet, la sobriété est donc une valeur ancrée dans l’ADN de la marque.

J’ai créé une société à part pour porter ce nouveau projet rendu nécessaire par l’incapacité à fournir les demandes d’un marché du bagage classique qui pousse à une forme de surconsommation.

En effet la majorité des marques de ce secteur se sont lancées dans une course aux volumes en créant sans cesse de nouvelles collections qui sont soldées quelques mois après leur lancement.

Résultat la valise est devenu un objet jetable comme un autre.

Avec ce projet nous voulons au contraire que la valise redevienne un objet durable que l’on peut conserver très longtemps.

Grace à notre écoconception nous avons développé une valise réparable à l’infini avec des pièces détachées que nous fournissons gratuitement pendant 20 minimum.

Cette valise est également conçue pour être recyclée et nous nous engageons à recycler 100% de nos produits vendus en donnant la possibilité au consommateur de nous les retourner gratuitement.

Résultat sur l’ensemble du cycle de vie (20 ans) l’impact environnemental est de -60% et l’impact carbone de -76%.

Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?

Le principal enjeu est celui de notre consommation de plastique à usage unique qui représente au niveau mondial 158 millions de tonnes sur les 400 millions de tonnes de plastiques produites chaque année !

Cette consommation ne fait qu’augmenter et s’accélérer. En effet sur les 9 milliards de tonnes plastique produites depuis les années 50 plus de 56% ont été produites à partir des années 2000.

On donne l’impression aux consommateurs qu’en triant leurs déchets notamment plastiques ; alors ils n’ont pas besoin de changer leur habitude de consommation mais c’est un leurre car seule une petite part du plastique est recyclée.

Il y a aussi l’agriculture qui est une source majeure de gaz effet et dont l’élevage bovin contribue pour moitié.

Il est temps de repenser notre modèle alimentaire. En 50 ans, la consommation mondiale par habitant de viande a presque doublé alors que nos besoins ont peu évolué sur la même période.

Avec l’accroissement de la population mondiale ce n’est plus possible de conserver ce modèle.

Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?

Vivre vert au quotidien peut prendre diverses formes selon son niveau de prise de conscience du problème écologique mais je pense qu’à tous les niveaux il est possible de faire preuve de bon sens en adoptant des réflexes simples au quotidien :

  1. Lorsque qu’un objet est cassé se poser la question de la réparation au lieu de racheter un neuf.
  2. Intégrer une logique de frugalité dans sa consommation sans que cela devienne punitif, est-ce que j’ai vraiment besoin de nième jeans brut ou de cette nième paire de basket ? Est-ce que je ne pourrais attendre 2 jours de plus et aller acheter dans un magasin au lieu de faire un Amazon Prime…
  3. Trouver une alternative à la voiture individuelle lorsque cela est possible (covoiturage à la campagne, vélo-taf pour les urbains), pour ma part je vais au travail en train c’est parfois plus contraignant mais c’est une habitude à prendre.
  4. Cuisiner au quotidien des produits de saison.

Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?

Au niveau secteur privé le lancement de la banque Green-Got m’a particulièrement impressionné car c’est peut-être les vraies prémisses d’une finance tournée vers la décarbonation de l’économie. Quand on sait que les soixante plus grandes banques internationales ont accordé 4 120 milliards d’euros au pétrole et au gaz entre 2016 et 2021, imaginez si cette somme été investie dans la protection de l’environnement et le développement de l’économie vertueuse !

Au niveau législatif la loi climat et résilience promulguée en 2021 jette pour la première fois les bases d’un cadre légal qui va petit à petit restreindre pour interdire les activités économiques néfastes à l’environnement. Cette loi ancre l’écologie dans notre société : dans nos services publics, dans l’éducation de nos enfants, dans notre urbanisme, dans nos déplacements, dans nos modes de consommation, dans notre justice.

Plus d’informations sur www.dotdrops.fr