Jérôme Madoc, Directeur Général Business Bio & Végétal chez Savencia, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Je suis très fier et je revendique d’être dans un modèle dont on me rappelle souvent qu’il est tout à fait obsolète et qui consiste à faire son parcours professionnel au sein de la même société !
J’ai commencé en stage chez Savencia en 2005 et 16 ans après l’aventure continue et quelle aventure ! J’ai eu la chance de travailler sur des projets et dans des filiales avec des enjeux et des challenges très différents, tout cela est d’une richesse inouïe.
Ce sentiment est d’autant plus vrai que j’ai la responsabilité, depuis l’année dernière, d’animer une business unit dédiée au végétal.
Avec une petite équipe nous développons des alternatives végétales au fromage, nous venons de lancer nos 2 premières recettes : Tartare Végétal en France et Bresso Végétal en Allemagne. La particularité de ces produits 100% végétaux est qu’ils sont incroyablement gourmands et qu’en conception nous travaillons des ingrédients naturels et sans additif.
Par ailleurs nous venons de lancer un mouvement en France : Vivre Vert, qui va œuvrer à notre petite échelle pour la transition alimentaire sans renoncer au plaisir et pour la transition écologique sans abandonner son confort !
Un sacré challenge qui passera par la stratégie des petits pas, en privilégiant les actions concrètes plutôt que les grands discours. Nous menons en ce moment notre première opération qui vise à faire éclore cet été 1 million de fleurs en impliquant des collaborateurs de Savencia, des distributeurs et des associations, à qui nous distribuons des « billes de graines ». D’autres opérations suivront au 2nd semestre.
Nous publions plusieurs fois par semaine des astuces et des idées du quotidien autour de ces transitions sur nos pages Instagram, Facebook et LinkedIn.
Nous avons aussi lancé le site vivre-vert-au-quotidien qui regroupe de façon dynamique une sélection d’articles et de témoignages inspirants en termes de transformations alimentaires et écologiques.
Enfin nous allons proposer des gammes de substituts végétaux aux produits laitiers à partir de la fin de cette année.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Je ne suis pas un expert de ces questions particulièrement complexes donc c’est très difficile de répondre. Et parce que je pense que nous sommes des millions dans ce cas là pour moi il y a une priorité absolue : c’est la formation, à tous les niveaux et dans tous les domaines d’activité.
Cela parait un peu paradoxal car s’il y a un sujet sur lequel nous sommes très bien alimentés c’est bien celui de l’écologie. Mais la réalité c’est qu’il y a une très forte hétérogénéité dans la compréhension de ces enjeux fondamentaux, la preuve en est que de nombreux experts partagent qu’il est en l’état très peu probable que nous puissions tenir les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris.
La prise de conscience individuelle et collective semble pour le moment encore trop faible pour permettre des évolutions structurantes et significatives. Sans une adhésion forte et massive aux enjeux écologiques, il ne faudra pas en attendre beaucoup dans les actions et les changements à mettre en œuvre.
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?
Je n’ai pas vraiment de conseils à donner car je dois d’abord moi-même faire encore plus d’efforts !
Je ne peux qu’encourager les millions de français déjà très actifs à continuer la démarche des petits pas.
Et de partager, toujours plus partager car c’est par l’exemple, idéalement inspirant et créatif comme nous en voyons beaucoup, que l’on peut donner envie de faire plus, à toujours plus de monde.
Le plaisir et la fierté des acteurs de la transition alimentaire et écologique doivent être revendiqués toujours plus fort car ils possèdent une capacité à générer de l’adhésion absolument formidable pour les communautés avec lesquelles ils sont connectés.
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
J’ai bien aimé deux initiatives que nous avons mise en avant ces dernières semaines : Vegskin qui a mis au point un « cuir végétal » à partir de fruits déclassés et la « SPA des végétaux » créée par Nicolas Talliu qui donne une seconde vie aux plantes qui devaient être jetées.
Je suis aussi avec attention le travail de Carbios avec leur procédé enzymatique pour permettre le recyclage à l’infini du PET et qui semble très prometteur pour les très nombreuses filières exploitant ce type de plastique pour leurs emballages.
