Marion Camisuli, fondatrice de La Box du Grand Paris, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Après des études en marketing, je me suis rapidement dirigée vers l’entrepreneuriat. J’avais envie de créer, et de porter un projet correspondant à mes valeurs.
En 2015, j’ai créé un blog sur la vie culturelle de Montreuil, Le Blog de Nestor, ce qui m’a permis de découvrir la richesse de la production locale. En effet, j’ignorais qu’on puisse fabriquer de la bière, ou du savon en plein cœur de la ville !
J’ai alors décidé d’explorer l’ensemble du territoire grand parisien, à la rencontre des artisans, pour découvrir leur savoir-faire et leurs parcours. Je me suis intéressée particulièrement aux produits d’épicerie, car l’alimentaire est un secteur qui m’inspire particulièrement, que ce soit du côté de la gastronomie, ou du côté des enjeux écologiques pour mieux se nourrir.
L’idée m’est alors venue de proposer un coffret cadeau, La Box du Grand Paris, rassemblant différents produits d’épicerie fabriqués dans le Grand Paris. Une manière ludique et originale de valoriser notre terroir et de le faire découvrir à nos proches. Certains produits sont fabriqués à partir d’ingrédients franciliens, notamment issus de l’agriculture urbaine.
Pour d’autres comme le chocolat ou le café, l’accent est mis sur le travail de transformation, qui en plus de faire la part belle au goût, démontre un véritable engagement de la part des artisans. Ils travaillent en direct avec les producteurs, ou en limitant au maximum le nombre d’intermédiaires, pour garantir une production équitable tout au long de la chaîne de valeur.
Après avoir développé la vente de ces coffrets cadeaux, aussi bien auprès des particuliers que des entreprises, j’ai récemment ouvert une boutique dans le 14e arrondissement de Paris. Une belle continuité, qui va permettre de faciliter les rencontres entre les clients et les artisans, dans le cadre de dégustations conviviales. Je souhaite que ce lieu soit placé sous le signe de la curiosité, de la gourmandise et de la découverte.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Je pense qu’un des enjeux cruciaux de la transition écologique est notre capacité à transformer le rapport aux objets qui nous entourent et aux produits que l’on consomme.
Nous avons malheureusement pris l’habitude de consommer rapidement, et toujours plus, répondant à notre tendance naturelle à l’avidité.
Si nous prenons le temps de regarder, de comprendre comment les produits sont fabriqués, de les apprécier, et de leur donner une valeur plus importante, nous pourrons ainsi transformer l’économie en profondeur.
Nous aurons naturellement plus d’emplois créés dans le secteur de l’économie circulaire, de l’upcycling. C’est également ce que je défends en faisant découvrir tous ces produits artisanaux locaux. Ils sont certes un peu plus chers que ceux que l’on trouve en grande surface, mais on en consomme moins car on prend le temps de la dégustation.
Et concernant les aliments de première nécessité, ils ne sont pas forcément plus chers dans une coopérative paysanne qu’en supermarché. Parfois, c’est juste un déficit d’information et une tendance naturelle au confort qui nous poussent vers les rayons de notre grande surface préférée.
Je pense cependant qu’il ne faut pas prendre un ton moralisateur, et surtout ne pas monter les gens les uns contre les autres. Nous faisons tous des efforts au quotidien.
Prenons simplement le temps de nous informer toujours plus sur les initiatives locales et les alternatives écologiques aux produits que nous avons l’habitude de consommer.
Prenons le temps de dialoguer et de construire des outils permettant de mesurer notre empreinte carbone, pour pouvoir la diminuer.
En effet, je pense qu’un autre enjeu de la transition écologique est de donner les moyens aux consommateurs de mieux comprendre l’impact de leur acte d’achat.
C’est ce qui a si bien fonctionné avec l’application Yuka. Dans ce domaine, les entreprises et l’État ont un grand rôle à jouer, si tant est qu’ils puissent se coordonner, pour développer ces outils digitaux, ainsi qu’un système de bonus / malus à l’attention des entreprises et des particuliers, pour valoriser les efforts de chacun.
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?
Il est difficile de donner des conseils, sachant que chacun d’entre nous possède une façon de vivre qui lui est propre, et fait de son mieux pour consommer de manière plus durable.
Cependant j’aurais tendance à reprendre la question précédente et encourager chacun à modifier son regard sur les objets qui l’entourent, en considérant par exemple tout le travail qu’il a fallu pour les fabriquer.
Je conseillerai également d’essayer au maximum de se tourner vers les produits de seconde main, souvent en très bon état. Il existe maintenant de nombreuses plateformes sur lesquelles acheter facilement, au plus près de chez nous.
Enfin, je pense qu’il est important de continuer à se lancer chaque jour, chaque mois, des défis pour consommer de manière plus écologique, à son rythme.
Plus nous prendrons ces changements de manière ludique et décomplexée, et plus il sera facile de les accepter. Si le réflexe écologique devient une contrainte, nous risquons de nous décourager, d’abandonner, et de se résigner, ce qui serait bien entendu catastrophique.
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
J’ai particulièrement été séduite par le projet de Clarisse Merlet, qui a créé FabBRICK, la première brique de construction qui recycle les déchets textiles.
C’est brillant ! Architecte de formation, Clarisse s’est rendue compte que le secteur de la construction était très polluant et énergivore. Elle découvre ensuite que le textile, également secteur des plus polluants, possède des propriétés intéressantes pour la construction.
Voici un superbe exemple d’upcycling, à qui je souhaite un avenir radieux.
Plus d’informations sur www.grandparisbox.com