Guillaume Leroy, Fondateur de consolid’r, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Marié et père de trois grands enfants, j’ai eu une première partie de carrière aux opérations commerciales de différents groupes où j’ai développé de solides compétences en marketing stratégique et opérationnel, en vente et en management.
Il y a un an, j’ai souhaité réorienter ma carrière pour m’inscrire plus directement et durablement dans les dimensions d’écoresponsabilité et de solidarité qui m’animent. J’ai choisi la voie de l’entrepreneuriat à impact et j’ai donc créé consolid’r, une entreprise dont la raison d’être est de favoriser le lien social, encourager, développer et soutenir une consommation plus responsable et l’action solidaire au profit des personnes les plus fragiles.
Mon projet part du constat que la consommation responsable représente un modèle économique avec beaucoup de potentiel et de moyens, quand la solidarité représente un modèle de société avec beaucoup de besoins. Consolid’r propose de relier ces deux dimensions, consommation écoresponsable et solidarité et encourage la proximité et le lien social.
Ainsi, consolidr.fr se positionne comme la première Marketplace à vocation solidaire et écoresponsable. Sur consolidr.fr, la consommation écoresponsable offre de la visibilité et des dons aux structures de solidarité de proximité.
Lancée depuis le 21 juin sur les Yvelines, consolidr.fr permet déjà de vendre / acheter / louer des biens de seconde main avec ses petites annonces. Sur consolidr.fr, sont aussi présents les produits de marques d’entrepreneurs engagés dans l’écoresponsabilité.
A l’automne, consolidr.fr lancera son service pour trouver autour de soi des commerçants de proximité qui s’inscrivent dans une démarche écoresponsable. En donnant de la visibilité sur leur approche, nous souhaitons offrir aux consommateurs la possibilité de mieux choisir comment consommer.
Notre dimension solidaire ? Pour chaque transaction effectuée sur consolidr.fr, nous faisons des dons, fléchés par les utilisateurs vers les associations référencées. Et pour que ces dons aient de l’impact, c’est au minimum 20% de notre chiffre d’affaires qui sera reversé aux associations sélectionnées par nos utilisateurs. Notre modèle de rémunération nous permet également d’offrir aux structures de solidarité une véritable vitrine pour leur permettre de présenter leurs missions, réalisations et besoins.
Notre devise “Se faire plaisir en faisant plaisir, se faire du bien en faisant le bien” illustre les bénéfices pour nos utilisateurs et bien au-delà.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Je pense que nous ne pouvons plus fermer les yeux sur l’impact environnemental et social de nos modes de vie, tout particulièrement dans nos sociétés occidentales.
Je perçois les enjeux écologiques à plusieurs niveaux :
Politique : sans doute le premier enjeu est de travailler la politique internationale pour faire converger la conscience des différents états vers notre avenir commun, notre planète commune, sans négliger les situations économiques, technologiques ou démographiques propres à chacun. Sans résolutions communes, effectives à court terme, je crains que les efforts de quelques-uns ne suffisent pas à enrayer la dynamique infernale de notre impact négatif sur notre écosystème.
Sociétal : de nombreuses initiatives existent, d’autres naissent régulièrement pour apporter une autre proposition de valeurs, dans laquelle la dimension collective peut coexister, voire primer sur l’intérêt personnel. Je ne pense pas raisonnablement que l’on puisse prendre soin de notre planète si nous ne pouvons prendre soin avec autant d’intensité de la dignité de chacun, quelle que soit sa condition et ce qu’il « rapporte ». L’enjeu est donc selon moi de combiner l’élan grandissant vers plus d’attention à l’environnement avec une pus grande attention à celles et ceux qui vivent autour de nous, surtout les plus fragiles. Sans cela, je ne sais pas combien de temps le mot société fera encore du sens pour nos concitoyens.
Éducatif : qu’il est difficile de comprendre, avec précision, l’impact de nos choix de consommation. Je ne suis pas un expert des questions climatiques ou de l’impact réel de telle ou telle démarche pour limiter notre impact environnemental. L’enjeu ici est selon moi d’enseigner sans infantiliser. C’est important pour conserver la crédibilité indispensable à toute dynamique de changement durable. Aussi, plutôt que d’affirmer que « le bio » ou « la filière courte » (…), c’est bien, il faut pouvoir en expliquer l’impact réel, intelligiblement sans s’enfermer dans des langages d’experts. Cela permettra de faire grandir nos concitoyens et devrait limiter des utilisations marketing opportunistes. De nombreux programmes existent pour sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge, ce qui est une très bonne chose. Mais combien d’enseignants sont réellement formés pour expliquer sans tomber dans les communs, trop imprécis voire faux ? Une approche trop simple est souvent binaire, donc stigmatisante et clivante. Je pense que nous devons encourager les « petits pas » pour en générer de nombreux autres positifs.
Économique : l’enjeu ici repose sur l’accessibilité des produits de qualité, écologiquement responsables, pour le plus grand nombre (je n’ose dire tous). Les prix de ces produits sont, encore, significativement supérieurs à ceux de produits sans « labels ». S’il est compréhensible qu’un produit responsable engage des coûts supérieurs pour leurs fabricants/producteurs, un projet écologique et social commun devrait inviter les « Entreprises », qu’elles soient celles de commerçants ou de grands groupes a avoir une approche plus équitable. Pas uniquement pour le producteur, mais aussi pour le consommateur.
Personnel, enfin : me dernier enjeu auquel je pense touche chacun de nous, pour une prise de conscience personnelle de nos choix de consommation et de vie sociale. Cela vaut pour nos consommations de produits, mais aussi pour nos consommations de services. La gratuité apparente offerte dans de très nombreux services nous condamne à un rythme de consommation qui ne répond ni à nos besoins réels, ni à nos envies qui ne sauraient être satisfaites tant l’attrait de la nouveauté marketée est fort. Chacun peut se poser la question de son inscription dans une société moins autocentrée, qui laisse une place à l’autre, y compris dans sa différence…
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?
Je ne suis pas certain d’être le mieux placé pour conseiller.
Je témoignerai donc plutôt de ce que j’essaye de faire : Je me pose souvent la question dans ce que je consomme, dans ce que je vis, dans ce que je fais, des conséquences de mes choix.
C’est une approche qui est peu chronophage et assez intéressante pour avancer. Et j’accepte aussi de vivre avec mes imperfections, avec mes incohérences.
Cela me permet de faire « baisser la pression » et me redonne de l’énergie pour faire de mon mieux.
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
Ce n’est pas vraiment récent, mais j’ai adoré le documentaire « demain », qui m’a permis de prendre conscience que de nombreuses initiatives existaient aux quatre coins du monde et qu’il était possible de porter soi-même de beaux projets écologiques.
J’ai aussi été beaucoup marqué par l’encyclique « Laudato si’ » du Pape François, qui m’a conforté dans le fait que nous devons avoir une approche intégrée, pour prendre en compte aussi bien notre maison commune que ses habitants et leur dignité.
Enfin, pour donner un exemple parmi d’autres, je suis impressionné par des initiatives citoyennes locales qui proposent de se réapproprier notre avenir. C’est le cas, sur Orgeval (où j’ai créé consolid’r), de « la tribu des explor’acteurs, en vert et avec tous », une jeune association qui propose une approche terrain, pratique, pour découvrir et adopter des gestes plus « verts ».
Plus d’informations sur www.consolidr.fr