Julie Sansoulet, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Je suis titulaire d’un doctorat d’AgroParisTech et titulaire d’un Master en Journalisme de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille.
Depuis mon intégration au CNRS, j’ai coordonné tous les aspects relatifs aux Sciences Humaines (Education, Communication, Savoir local, Sciences de la santé…) des projets de recherche sur le Nord Canadien développés au sein de l’Unité Mixte internationale TAKUVIK.
En particulier, j’ai supervisé le développement d’indicateurs de sécurité alimentaire au regard des changements climatiques actuels et futurs au sein de communautés Inuit. Depuis mars 2020, je suis détachée à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en tant que responsable communication et culture scientifique de la délégation régionale Occitanie et je porte un projet de sensibilisation à l’alimentation durable : Planet@liment.
L’alimentation est un enjeu social et politique reconnu par différents types d’acteurs – élus, industriels, société civile, agriculteurs et chercheurs. Nos sociétés contemporaines confrontées à des mutations, notamment d’ordre climatique, doivent s’orienter vers des modes de production et de consommation plus durables.
Il devient ainsi indispensable de repenser notre conception de l’alimentation et de prendre conscience de son caractère multidimensionnel et transdisciplinaire. Planet@iment, un projet ambitieux de sensibilisation à l’alimentation durable, alliant médiateurs et scientifiques, accompagne utilement cette réflexion. Multi acteurs et multi supports, Planet@liment est porté par l’IRD Occitanie pendant 2 ans. Il a comme partenaires la Chaire UNESCO Alimentations du Monde, l’Académie de Montpellier, deux associations de médiation scientifiques, Kimiyo et Les Ateliers Ludosophiques.
De multiples outils multimédias et immersifs sont développés par ce consortium de partenaires et dans les régions méditerranéennes et tropicales, aux compétences disciplinaires et statuts complémentaires :
- des animations autour d’une exposition (papier et digitale) et des fresques murales liées à une application de réalité augmentée (dessins 3D, vidéos, sons, photos)
- des jeux de rôle immersif
- des ateliers transgénérationnels reliant des aînés et des plus jeunes, des médiateurs, des chefs et des chercheurs
- des formations continues des enseignants du secondaire
- des ateliers et modes d’enseignements alternatifs en lien avec les scolaires (conférences de chercheurs, dispositif apprenti-chercheur)
- des collaborations avec les influenceurs de la toile et le développement de médias sociaux jeunes (TikTok, Instagram et Youtube)
Une diffusion large, libre et ouverte est prévue vers les établissements d’enseignement, les structures de médiation scientifique et le grand public.
Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?
Dans un contexte global, la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a entamé une réflexion sur l’alimentation durable, et en a donné cette définition : « Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines ».
Ainsi l’alimentation durable constitue une porte d’entrée de plus en plus empruntée pour la mise en mouvement des territoires dans la transition écologique et solidaire. Elle impose une approche transversale des enjeux et en cela porte une visée transformatrice du modèle de développement des territoires : défi nutritionnel et de santé, défi énergétique (lutte contre le dérèglement climatique), défi environnemental (préservation des ressources naturelles et de la biodiversité), mais également défi de subsidiarité, qui s’appuie au niveau local et global sur des modes de production agricole durables, assurant un revenu équitable pour les producteurs, et préservant le tissu rural et le développement local.
Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?
Notre mode de vie marque notre planète et il n’y a pas de planète B ! S’il est complexe d’acter pour tout changer, certains gestes sont accessibles à tous afin d’apporter notre petite pierre à l’édifice :
- Bien choisir ses produits alimentaires au supermarché et chez le producteur : le bio, le local, le commerce équitable, les produits de saison, le végétarien, les produits en vrac…
- Limiter sa consommation d’eau : éteindre le robinet pendant qu’on se lave les mains, utiliser l’eau de rinçage des légumes pour arroser les plantes.
- Faire attention à ses déchets
- Limiter sa consommation d’énergie : garder ses appareils en veille, baisse le chauffage, éteindre les lumières quand on est absent.
- Respecter le milieu naturel
- Sensibiliser nos enfants et rester dans la joie!
Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?
Je pense à trois initiatives de femmes innovantes à l’international :
Monica Maigari est agricultrice, responsable communautaire et défenseuse des droits des femmes : malgré les difficultés d’accès à la terre et aux marchés dans son pays, le Nigéria, elle a réussi à développer son activité et à embaucher des jeunes, et encourage d’autres femmes à faire comme elle
Ingénieur agro-alimentaire et docteur en gastronomie moléculaire, Anne Cazor a fondé Scinnov, laboratoire de recherche et développement qui accompagne les professionnels de l’agroalimentaire et des métiers de bouche. Elle est mentor au sein de Smart Food Paris, plateforme d’innovation au cœur des enjeux alimentaires.
« Meet my mama » : derrière ce traiteur engagé doublé d’une école de formation se cachent deux jeunes femmes – Loubna Ksibiet Donia Souad Amamra- qui souhaitaient « révéler les talents culinaires de femmes immigrées ou réfugiées en France »
Plus d’informations sur www.ird.fr/occitanie
