“Veiller à son alimentation : plus végétale, moins transformée, plus naturelle tout simplement” Béatrice Maire, Graine de Choc

Béatrice Maire, fondatrice de Graine de Choc, pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet

J’ai fais ma scolarité dans les Ardennes et j’ai passé un Bac L en 1997. Passionnée d’équitation j’en ai fais mon métier, en passant tout d’abord le Brevet d’Etat d’éducateur sportif 1er degré équitation puis j’ai enseigné cette activité pendant une année avant de créer mon entreprise de valorisation et commerce de chevaux et poneys.

En 2015, à la suite de plusieurs accidents, je me tourne vers ma 2ème passion, la chocolaterie. Je crée une petite structure artisanale dans laquelle je fabrique des chocolats (tablettes, ballotins, moulages.)

En septembre 2017, je découvre la féverole par hasard lors d’une manifestation agricole grand public. Surprise d’apprendre que cette légumineuse est cultivée en France mais non utilisée en alimentation humaine, je décide de m’y intéresser.

Je goûte, je m’instruis sur ses qualités environnementales, je découvre ses propriétés fonctionnelles (quelque chose de totalement nouveau pour moi, qui ne suis pas du tout scientifique à la base) et je mets au point un 1er produit que j’appelle crème de féveroles. Une recette proche de la crème de marrons, dans laquelle les châtaignes sont remplacées par de la féverole. Son goût subtil m’encourage à approfondir mon travail. Je crée alors une gamme de pâtes à tartiner aux enjeux environnementaux et nutritionnels hors du commun. Le Tartimouss était né.

Le projet ne s’arrête pas là. J’abandonne alors totalement mon activité équestre et la chocolaterie et crée la société Graine de choc qui a pour mission de redynamiser la filière féverole dans les Hauts de France, en lui offrant un débouché rémunérateur pour les producteurs. Je développe alors parallèlement une gamme salée. Développer l’offre de l’alimentation durable au service d’une filière locale et responsable devient ma priorité.

Selon vous, quels sont les enjeux écologiques prioritaires dans les années à venir ?

Produire mieux, dans le respect de la terre et de hommes. Nous avons en France des ressources bénéfiques pour les sols (et l’air) que nous n’utilisons pas suffisamment. Il est urgent de changer nos modes d’alimentation pour permettre de revenir à cette biodiversité et sortir de la monoculture.

Les légumineuses ont des vertus agronomiques exceptionnelles : capables de capter l’azote de l’air, puis de le rendre disponible pour les végétaux, elles permettent de limiter les apports d’engrais de synthèse en enrichissant les sols de manière naturelle.

Mais ce n’est pas tout : grâce à leur teneur élevée en protéines végétales elles peuvent nous permettre de manger mieux, et surtout moins. C’est pour cela que chez Graine de choc nous incorporons la féverole dans les produits de grande consommation : il ne doit plus y avoir d’aliments riches en « calories vides », uniquement des aliments qui nous apportent des nutriments essentiels, et ça , même pour les produits plaisirs (pâte à tartiner, dessert, goûter, etc). Manger moins, mais mieux, c’est une façon de répondre au défi alimentaire de demain, nourrir 10 milliards d’êtres humains avec des ressources fortement réduites.

Quels conseils donneriez-vous aux français pour “vivre vert au quotidien” !?

Le 1er conseil sera de veiller à son alimentation : plus végétale, moins transformée, plus naturelle tout simplement. Et de cuisiner soi-même avec des produits de saison. Fini les tomates en hiver et les avocats à gogo !!

Ensuite, faire un effort pour ne plus gaspiller l’énergie : ne pas laisser couler l’eau pendant le brossage de dents, limiter le temps passé sous la douche, récupérer l’eau au maximum et penser à éteindre la lumière en quittant une pièce. C’est tout bête mais malheureusement trop de personnes aujourd’hui ne se soucient pas de cela.

Quelle initiative écologique vous a marqué dernièrement ?

Cette action de formation et de mobilisation dispensée aux députés fraichement élus. Une action née de l’initiative de l’ex-député écologiste de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin et du climatologue Christophe Cassou, organisée en partenariat avec le collectif « pour un réveil écologique ». 154 députés ont pu être formés (soit 27% de l’hémicycle).

Je pense que demander aux citoyens de faire des efforts est tout à normal et obligatoire, mais il faut aussi et surtout que l’Etat s’y mette sérieusement. L’écologie et la lutte contre le réchauffement climatique doit être notre priorité.

Plus d’informations sur www.grainedechoc.com